Carrefour rejoint le consortium IBM Food trust pour sécuriser la traçabilité de ses produits. © D.R.
Carrefour accélère sur la blockchain. A l’occasion du grand rendez-vous technologie « Think », organisé ce mardi 9 octobre 2018 à Paris par IBM, Carrefour a annoncé qu’il rejoignait le réseau IBM Food Trust. Cette plateforme cloud, basée sur la blockchain, doit permettre aux distributeurs, fournisseurs, producteurs et industriels de l’agro-alimentaire de tracer plus efficacement et sûrement les différentes étapes de transformation des produits proposés en magasin en remontant toute la filière. Walmart, Unilever, Kroger ou Nestlé l’utilisent déjà.
Une première expérience sur Ethereum
Pour Carrefour, ce n’est pas une première. Celui-ci avait déjà lancé en mars dernier une blockchain destinée à assurer la traçabilité de son poulet fermier d’Auvergne. L’usage de cette blockchain devait permettre au consommateur, en scannant le QR code du produit fini avec son smartphone, d’accéder à l’origine, au nom du producteur… De quoi rassurer les clients et favoriser la transition alimentaire défendue par le distributeur.
Le système s’appuyait alors sur la blockchain Ethereum. « Lorsque nous avons commencé, c’était sûrement le meilleur choix technologique. Mais la plateforme développée par IBM, qui s’appuie sur le réseau distribué open source Hyperledger, nous semblait plus apte à l’industrialisation du processus. Notamment en terme de scalabilité, et elle offre certaines facilités », avance Emmanuel Delerm, Directeur du programme Blockchain Carrefour.
Aujourd’hui, le groupe certifie son poulet, ses tomates et ses oeufs au travers de la blockchain, mais compte encore ajouter 8 autres produits de ses filières qualité d’ici la fin de l’année. Conformément au programme d’initiatives en faveur de la transition alimentaire “Act for good » du distributeur, la solution devrait même être étendue à toutes les marques Carrefour d’ici 2022.
Participer à la construction d’un standard international de traçabilité
Focus sur Hyperledger
La technologie Hyperledger, sur laquelle s’appuie le consortium Food trust, est un projet open-source lancé par la Fondation Linux en 2015. A destination des entreprises de tous secteurs, il est soutenu financièrement par Intel, Cisco, JPMorgan, Accenture et IBM. Ce dernier est connu pour être l’un des plus gros contributeurs de code du projet. Ses détracteurs lui reprochent d’avoir ainsi pris le pas sur le développement de ce projet communautaire.
En rejoignant les autres grands acteurs de la plateforme, Carrefour entend surtout participer à la mise en place d’un standard international de traçabilité. Actuellement, la technologie blockchain pêche par manque d’interopérabilité. « Plutôt que chacun développe sa solution de son côté, nous pouvons travailler ensemble sur une même plateforme en vue de faire émerger un réseau international de traçabilité », explique Emmanuel Delerm.
« Dans ce système, c’est un advisory board qui décide des priorités de développement et de travail sur les différents modules déjà intégrés (traçabilité, certification, entrée et accès aux données). En tant que membre, nous possédons une voix, au même titre que les autres pour faire valoir nos idées », précise le responsable, qui souhaite notamment « apporter son approche utilisateur, qui n’est pas encore prise en compte par IBM Food trust ».
Une certaine confidentialité respectée
S’ils partagent les mêmes outils, les différents acteurs, parfois concurrents, ne partagent cependant pas leur données. Contrairement à des blockchains publiques comme Bitcoin, où n’importe qui peut participer et où les échanges sont visibles de tous, la technologie Hyperledger permet de créer des blockchains de consortium ou privées, permettant de respecter une certaine confidentialité.
Dans cette configuration, tous les acteurs sont clairement identifiés et restent propriétaires de leurs données, chiffrées. « C’est à celui qui entre les données de préciser s’il les rend visible et à qui« , détaille Emmanuel Delerm. IBM lui-même ne peut avoir accès aux informations échangées sur sa plateforme sans le consentement des utilisateurs. Les propriétaires des données sont aussi responsables de leur viabilité en entrée.