Comment et pourquoi le CNES met les technologies spatiales à portée des start-up Comment et pourquoi le CNES met les technologies spatiales à portée des start-up

Comment et pourquoi le CNES met les technologies spatiales à portée des start-up Une équipe du CNES est présente deux jours par semaine à Station F., où elle accompagne notamment la start-up Navya. © Navya

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Démocratiser l’accès aux technologies spatiales afin de les rendre accessibles aux grandes entreprises comme aux start-ups. Le défi est de taille. Pour y répondre, le Centre national d’études spatiales (CNES) a lancé, en février 2018, l’initiative « Connect by Cnes ». « Il s’agit de proposer une sorte de guichet d’accompagnement à destination des start-up et autres entreprises pour comprendre leurs besoins et les aider à identifier des usages du spatial stratégiques pour leur développement« , explique Frédéric Adragna, responsable du programme.

Les techniques spatiales au service de l’Automobile, l’Assurance et la Santé

Méconnues, les techniques spatiales pourraient être un atout dans de nombreux secteurs. « Les technologies spatiales ne cessent d’évoluer. Plus précis que le GPS américain, le satellite européen Galileo offrira bientôt une géolocalisation à 20 centimètres près (au lieu de quelques mètres pour ses concurrents). Et permettra également l’authentification du signal de géolocalisation envoyé« , détaille le responsable. De quoi séduire start-up et constructeurs de véhicules autonomes. « Précises et sécurisées, les solutions de géolocalisation de Galileo sur lesquelles nous travaillons fonctionnent même sous les tunnels, dans les forêts et les canyons urbains. Et ce, pour un coût abordable, de quelques dizaines d’euros« , assure Frédéric Adragna.

Les assureurs aussi se montrent intéressés. « A l’avenir, les voitures seront équipées d’une sorte de boîte noire similaire à celle que l’on trouve dans les avions. Comme elles utiliseront Galileo, il sera simple alors de connaître précisément leurs vitesses et positions, sans avoir à dépêcher d’experts. On saura quand a eu lieu le choc, quelle voiture était devant, et si, dans les instants qui précèdent, la voiture A ou B roulait trop vite« , explique le responsable.

Dans le secteur de la santé, les données satellites peuvent également être utiles pour intervenir à distance dans des endroits reculés dépourvus de réseaux terrestres. Certaines start-ups se servent également de l’imagerie spatiale pour mesurer la qualité de l’air ou les risques d’allergie avant de prévenir les personnes à risque via l’IOT.

faciliter les transferts de technologie et de donner de la visibilité aux start-up

Outre l’information sur les applications des satellites, l’offre de services du CNES, dispensée par une équipe de 50 spécialistes sectoriels (mobilité, santé, tourisme…), ingénieurs et marketeurs, comprend une expertise technologique, la mise à disposition de données, d’outils et de moyens techniques. « Concernant des sujets très techniques, elle peut même aller jusqu’à l’aide au montage de projet ou à la recherche de financements. Il nous arrive aussi de financer nous-mêmes les projets, par de la R&D ou des budgets directs, afin de faire sauter un verrou technologique. Ou au contraire pour valider un composant électronique d’une solution très mature« , détaille le responsable.

A la différence d’institutions comme le CEA, “qui vend, via le CEA Tech, son savoir-faire dans une démarche commerciale, nos services sont aujourd’hui gratuits. Cela fait partie de notre mission de service public”, insiste-t-il. Le but est de faciliter les transferts de technologie et de donner aux start-ups une certaine visibilité afin de contribuer à l’émergence de futurs champions économiques”.
 

Objectif : un conseiller « spatial » dans chaque région

Aujourd’hui, dans le cadre d’un partenariat avec la French Tech, une équipe du CNES est déjà présente deux jours par semaine à Station F. Elle y accompagne notamment la start-up Navya, spécialisée dans les navettes autonomes, rencontrée lors d’un atelier thématique sur la mobilité dispensé dans le cadre du programme Connect. L’institution doit également rejoindre le pôle de compétitivité Aerospace Valley et l’IRT Saint-Exupéry au sein du hub innovation du bâtiment B 612 de Toulouse Aerospace, un espace de collaboration participative avec des startups.

A terme, le CNES entend être présent aux quatre coins de la France. « Des partenariats sont en cours de montage dans les autres régions afin que chacune dispose d’un conseiller dédié au spatial. Il éclairera les entrepreneurs au niveau local et nous fera remonter les besoins exprimés« , annonce Frédéric Adragna. La Bretagne dispose déjà d’un tel conseiller. La région PACA et la Nouvelle Aquitaine devraient bientôt accueillir le leur également.