Pour s’imposer sur le marché professionnel, Dropbox se présente en réducteur de stress au travail Pour s’imposer sur le marché professionnel, Dropbox se présente en réducteur de stress au travail

Pour s'imposer sur le marché professionnel, Dropbox se présente en réducteur de stress au travail Pour s’imposer sur le marché professionnel, Dropbox se présente en réducteur de stress au travail © Christophe Bys

Un observateur inattentif aurait pu se croire à un congrès syndical ou à une réunion de médecins du travail. Le constat est sévère. Les outils numériques, loin de simplifier nos modes de travail, les ont définitivement compliqués. Les deux tiers du temps de travail sont occupés à « travailler pour le travail« , explique Drew Houston, le CEO de Dropbox. Autrement dit, salariés ou indépendants passent leurs temps à gérer des tâches annexes liées à la multiplication d’informations, de logiciels, de canaux d’information. Il semble loin le temps évoqué par Drew Houston, où son père recevait cinq mails par jour….

trois jours CRAMÉS

Pour ceux qui n’auraient pas compris la conséquence concrète de cette affirmation, cela signifie tout simplement que du lundi au mercredi, les employés ne travaillent pas vraiment. Ce sont des jours cramés. Et, pour bien marquer les esprits – on est aux Etats-Unis et la keynote doit être un show – sur l’écran derrière le pdg, Monday Tuesday et Wednesday périssent dans un incendie inarrêtable. Reste deux jours pour vraiment travailler.

Pour le patron de Dropbox, ce constat est d’autant plus regrettable qu’il tient de Warren Buffet et de Bill Gates, la clé du succès. Les deux compères qu’il a eu la chance de rencontrer le lui ont dit que pour réussir, il faut « rester focus« . C’est l’injonction paradoxale revue à la sauce californienne. D’un côté, le secret pour réussir est une hyper concentration. De l’autre, toutes les innovations qui se multiplient depuis quelques années ont la conséquence inverse : le salarié est déconcentré en permanence.

RIP le travail 

Rien d’étonnant donc si les données de la productivité du travail, qui s’affichent sur l’écran géant, montrent une stagnation depuis la fin des années 2000, soit à mesure que les outils censés la booster se multiplient. « Plus on met de la technologie, moins on a de productivité ». 

Et pour ceux qui n’auraient toujours pas compris, Drew Houston convoque Einstein à l’appui de sa démonstration : s’il avait dû répondre à des mails 24/7, pas sûr qu’Albert aurait eu le temps de découvrir la théorie de la relativité. De l’injonction paradoxale au cercle vicieux, il n’y a qu’un pas. La conclusion tombe alors, tranchante comme la lame de la guillotine, avec un jeu de mots intraduisible en français « the way we work does not work » – « nos modes de travail ne fonctionnent plus ». RIP.  

Californie oblige, on ne se limite toutefois pas au constat. On a une solution, voire même peut-être la solution. Tant mieux pour les centaines de personnes qui ont fait le déplacement pour ce Work in progress day, qui auraient été fort marries de repartir sur un constat d’échec, aussi brillant fut-il. Si vous croyez encore que Dropbox n’est qu’une solution de partage de fichiers en ligne, vous avez besoin d’une sérieuse mise à jour… et vite. La compagnie amorce depuis quelques mois maintenant un virage stratégique qu’elle officialise ce mercredi 25 septembre.

La plateforme de référence pour le travail en ligne 

Elle se place désormais clairement sur le marché professionnel avec une ambition : devenir l’ »endroit où vous allez pour travailler » car Dropbox a « construit l’espace de travail intelligent », the smart workplace dans le texteDropbox Spaces, c’est son nom commercial. Si vous avez un compte personnel, pas de panique. Ces derniers resteront actifs et Dropbox ne compte pas les fermer à court ou à moyen terme. Rien de tel qu’un utilisateur individuel satisfait du service qu’il utilise dans la vie de tous les jours pour se convertir un jour ou l’autre une entreprise à la solution professionnelle.

La philosophie de Dropbox Spaces est d’offrir un espace unique aux utilisateurs professionnels, d’être la porte d’entrée pour gérer et travailler, seul ou en groupe… La porte d’entrée et le lieu où les uns et les autres resteront toute la journée. Depuis Dropbox Spaces, il est possible d’accéder à une multitude d’outils existants, comme ceux de Microsoft, de Google ou Dropbox, dans le cloud ou en local…  Une fois partagé avec une équipe de travail, un document peut être amendé, modifié. Les changements sont enregistrés, la traçabilité assurée. 

L’incontournable dose d’IA

Avec Dropbox Spaces, il est aussi possible – sur la même page – de communiquer avec les uns et les autres grâce à l’intégration d’outils comme Slack, Trello ou encore Zoom dont le boss a fait le déplacement pour dire tout le bien qu’il pense de Dropbox ce mercredi 25 septembre. Et pour aider encore mieux, il est possible d’intégrer les solutions d’agenda en ligne de Microsoft ou d’Apple en mettant un lien si nécessaire vers les documents utiles pour la réunion prévue. Vous avez un rendez-vous avec Thérèse de la compta ? L’outil vous proposera les documents sur lesquels vous avez travaillé ensemble récemment. 

Comme on est en 2019, c’est grâce à une dose d’intelligence artificielle que cela est possible. Mais ce n’est pas tout. Elle est aussi dans l’outil de recherche d’images. Désormais, il ne sera plus nécessaire de taper le nom de la photo pour la retrouver. Il suffira d’écrire dans le moteur de recherche à l’IA ce que l’on souhaite voir. Et le CEO de Dropbox de le prouver avec une recherche d’images de bulldozer vraiment bluffante.

Une autre application de l’IA consistera à proposer aux utilisateurs les éléments que l’IA jugera les plus pertinents pour lui en fonction de son travail. Le but ici est d’éviter à tout un chacun les fastidieuses recherches d’un document. L’IA les a déjà sélectionnés. Prudent, le communiqué de presse de Dropbox prévient que ses fonctionnalités seront d’autant plus efficaces qu’on les aura utilisées régulièrement. L’IA ne fait pas de miracles, il faut lui apprendre ses préférences pour qu’elles puissent les anticiper. 

              

Un outil raccord avec la philosophie maison

Toutes ces nouveautés n’ont qu’un but : faciliter le travail, aider les professionnels à être plus efficace, en étant moins stressé. Cela semble en ligne avec la philosophie maison. Les locaux récents au sein desquels Dropbox a emménagé dans le tout neuf quartier de Mission Bay en témoignent. Tout est soigné : vastes couloirs et espaces de travail inspirés visiblement par l’héritage du Bauhaus. Murs blancs, meubles design, l’ensemble a des allures de showroom d’éditeurs de meubles. Mêmes impressions à la cantine sur deux étages avec vue sur tout San Fancisco, loin des restaurants d’entreprises planqués au sous sol qui sont la norme dans bien des sociétés. Menus multiples réalisés par des dizaines de cuisiniers. La légende maison prétend que le même plat n’a jamais été proposé aux salariés depuis les débuts de l’entreprise.

C’est dire qu’il ressort que le nouvel outil semble cohérent avec la philosophie prôné par le dirigeant de Dropbox qui, comme les autres, est obligé de se différencier s’il veut attirer les talents. Un véritable défi pour cette ETI de la Silicon Valley trop grande pour être une start-up mais trop petite comparée aux géants du secteur… 

La suite de l’histoire est au bout de la souris des utilisateurs maintenant. A eux de décider – et à leur DSI – si Dropbox rend un service tel qu’il deviendra l’outil privilégier pour ranger, partager et hiérarchiser le travail. 

A San Francisco