Intégrée aux caisses automatiques afin d’éviter la fraude, la solution AI Loss Prevention, qui s’appuie sur des technologies de reconnaissance vidéo, permet de comparer le code barre du produit scanné avec la vidéo de ce même produit, filmé en temps réel. Cette solution a été développée par le Centre d’Excellence en IA de Paris Saclay pour le marché européen, cette année. © Fujitsu
En mars 2017, Fujitsu annonçait l’ouverture d’un centre d’excellence spécialisé dans l’Intelligence artificielle au sein de l’incubateur de l’École Polytechnique, à Paris-Saclay. Un an plus tard, le géant japonais indiquait vouloir y doubler ses effectifs. Jusqu’alors, le constructeur nippon s’appuyait pourtant sur un unique centre d’excellence, au Japon. C’est au sein de ce dernier, déjà en pointe sur les technologies d’Intelligence artificielle, qu’étaient conçues l’ensemble des solutions proposées par la marque.
« Le premier pôle de recherche demeure au Japon où plusieurs milliers de personnes travaillent toujours sur l’intelligence artificielle dans les laboratoires, explique Axel Mery, directeur technique de Fujitsu France. En implantant ce nouveau centre, plus applicatif, dans l’Hexagone, le groupe entend se rapprocher de l’écosystème français et européen et répondre à des problématiques plus spécifiques en adaptant rapidement les dernières technologies venues du Japon ou en en développant de nouvelles en interne », précise le responsable.
La France, stratégique pour Fujitsu
La France apparaît comme un marché stratégique. Deuxième plus grande économie d’Europe, elle abrite le plus grand nombre d’entreprises du Fortune Global 500, dont beaucoup ont fait du digital une priorité. Elle est de plus dotée d’un solide écosystème en matière d’Intelligence Artificielle.
Aujourd’hui, plus de 30 projets sont déjà enclenchés au Centre d’excellence, avec un focus particulier sur les usages vidéos au service de l’industrie et surtout du retail, “un secteur particulièrement porteur en France et en Europe”, précise Axel Mery. Pour les mener à bien, les huit ingénieurs de Fujitsu, qui y travaillent (data scientist, spécialistes du deep learning, développeurs..), peuvent compter sur les liens noués avec les équipes de Polytechnique, mais aussi sur un partenariat de co-création avec l’Inria visant le développement de nouvelles technologies d’apprentissage automatique (machine learning, deep learning, natural language processing). Des initiatives qui entrent dans le cadre d’un important plan d’investissement de 50 millions d’euros sur cinq ans, lancé en 2017.
Des projets de reconnaissance vidéo au service du retail…
Parmi les projets destinés au marché français et européen, le centre travaille notamment sur des technologies de reconnaissance d’images en vue de lutter contre la fraude. “Une problématique soulevée par nos clients européens. Au Japon, où les règles sont davantage respectées, nos collègues n’ont pas la même road map”, souligne Axel Mery.
Pour mettre au point ses solutions, le centre s’est concentré sur la reconnaissance d’image de flux vidéo, et non photo. “L’objectif est de pouvoir repérer et déchiffrer des éléments textuels dans l’image en mouvement (OCR) et de retransmettre l’information en langage naturel grâce à des technologies de traitement automatique du langage naturel (NLP)”, explique le responsable.
Intégrée à un nouveau modèle de caisse automatique, cette technologie, combinée à de la reconnaissance d’image et de forme, est actuellement proposée aux acteurs de la grande distribution. “Il ne sera plus possible de faire passer un produit onéreux au prix d’un autre moins coûteux en changeant simplement l’étiquette. Avec cette méthode, on est capable de lire une information qui peut être présentée de manière extrêmement fugace devant la caméra et de discerner le même paquet de pâtes de 250g de celui de 500g”, indique le directeur technique.
… et des banques
Depuis mai 2018, dans le cadre d’un projet européen horizon 2020, l’équipe planche également sur des solutions de reconnaissance vidéo permettant de sécuriser le périmètre physique des banques. L’un des premiers use case consiste à détecter les comportements à risque autour des distributeurs de billets. « Il s’agit de repérer des comportements inhabituels afin de pouvoir déclencher une alerte. Ce sera alors à l’opérateur de sécurité de déterminer s’il s’agit par exemple d’une agression, indique Axel Mery. On pourra ensuite couvrir le scanning. Soit, repérer les individus qui remplacent les claviers ou lecteurs de carte des distributeurs par des copies capables de récupérer leurs données bancaires à leur insu. Même si cet échange est particulièrement rapide”.
« Fonctionnant comme une petite entreprise », le centre continue néanmoins de collaborer étroitement avec le Japon. « On va éviter de réinventer la roue, insiste Axel Mery. Certaines solutions japonaises répondent aux besoins du marché européen. Notre rôle sera alors d’entraîner les algorithmes sur de nouvelles bases de données afin, par exemple, de pouvoir déchiffrer le français ou d’adapter les technologies de reconnaissance d’image à la population européenne, qui comporte beaucoup plus de [personnes aux cheveux] blonds”.
Second pôle d’IA du groupe au niveau mondial, le centre d’excellence français devrait renforcer l’écosystème de Centres de compétences en Intelligence artificielle du groupe, disséminés en Europe, comme l' »Innovation Center for Data Analystics » en Espagne et l’ »Industry 4.0 Center » à Munich.